Un article sur la vocation traditionnelle a paru dans "Le Soleil"
Un article sur la vocation traditionnelle, écrit par le journaliste Jean-François Cliche, a paru dans le journal Le Soleil le 27 septembre 2008. À l'exception du qualificatif «ultraconservateur», le texte est fort intéressant. Le voici :
La relève de la messe en latin
Un aspirant prêtre de 22 ans part s'instruire
auprès d'une fraternité ultraconservatrice en Allemagne
[Jacques Breton ira chercher un enseignement rigoureux auprès de l'ultra-
conservatrice Fraternité sacerdotale Saint-Pierre. - Photo Le Soleil, Yan Doublet]
De nos jours, à vue de nez, on doit avoir plus de chances de croiser un gagnant du Lotto 6/49 dans la rue qu'un jeune dans la vingtaine qui se destine à la prêtrise. Alors quand on en voit un qui, de surcroît, s'apprête à se rendre en Allemagne pour apprendre à célébrer la messe en latin auprès de l'ultraconservatrice Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, alors... Alors autant acheter un billet.
Et pourtant, Jacques Breton, 22 ans, de Lac-Mégantic, s'apprête à partir.
Depuis un an ou deux, de plus en plus de gens font des pressions sur les évêchés du Québec pour le retour de la messe «traditionnelle» en latin. Ils ont eu gain de cause par endroit, mais leur mouvement reste marginal et certains évêques, comme celui de Saguenay, s'y opposent. Le Soleil a donc rencontré M. Breton dans Limoilou, après une cérémonie en latin justement, avec une seule question en tête: dans une société aussi laïque et peu pratiquante que le Québec, comment est-ce qu'on en arrive là?
D'un air gêné, presque contrit, l'aspirant prêtre parle la tête baissée et d'une voix minuscule, un tout petit filet qui s'enfuit vers le sol. «Je viens d'une très grande famille, très pratiquante, qui a toujours lutté pour la messe tridentine (le rite latin, ndlr). Mon grand-père a eu 20 enfants, et ses enfants à lui ont continué à avoir des grandes familles. Je dirais que 80% sont encore pratiquants et la plupart vont à la messe tridentine, à Notre-Dame-des-Bois.»
Voilà un début de réponse. Mais d'emblée, pour expliquer ses choix de vie inusités, M. Breton parle plus volontiers d'«aider les gens», de «vivre l'amour du don de soi» et de ce «quelque chose qui manque dans une société où la place de Dieu diminue».
Alors s'il s'agit d'aider son prochain, pourquoi ne pas le faire dans la langue qu'il comprend? «Je trouve que la messe nouvelle est faite un peu comme une réunion. Les gens se regroupent autour d'une table, c'est plus fraternel, il y a un côté plus humain. Tandis que le rite tridentin, je le vois plus comme un rite où on se centre vers Dieu. (...) Il y a plus de sens du sacré, de sens du respect, de recueillement.»
Quête d'orthodoxie
Il y a donc une part de missionnaire chez lui, et un petit côté mystique, mais aussi une bonne dose d'orthodoxie. S'il se rend en Allemagne, dit-il, c'est pour s'instruire auprès de la Fraternité Saint-Pierre (FSSP), organisation fondée en 1988 pour accueillir les anciens partisans de l'archevêque Marcel Lefebvre, un ultraconservateur qui acceptait mal les réformes modernes du concile Vatican II - qui a accouché de la «nouvelle» messe. Mgr Lefebvre fut excommunié pour avoir ordonné des prêtres sans l'aval de Rome.
L'abbé Guillaume Loddé, qui donne la messe tridentine à l'église Saint-François d'Assise, dans Limoilou, est issu de la FSSP. Mais M. Breton ne croit pas que ce conservatisme fera fuir les fidèles, même au Québec, société connue pour ses positions libérales en matière d'avortement et de mariage gai. «Ce n'est pas toute la société qui est en faveur des mariages homosexuels. Ce sont les médias qui présentent (le Québec) comme si tout le monde avait accepté ça.»
Auprès de la FSSP, M. Breton cherche un enseignement rigoureusement orthodoxe, exempt d'un certain relativisme qu'il décèle chez beaucoup de prêtres québécois et qui lui déplaît manifestement - il y est revenu plusieurs fois au cours de l'entrevue. «Sur certains aspects, il y a plusieurs façons de vivre sa foi. Il y en a qui vont se centrer plus sur le spirituel, d'autres sur vivre en acte, comme la charité. C'est très correct, en autant que cela te rapproche de Dieu. Mais de là à dire : «À chacun ses valeurs, sa vision, ses manières de faire», je trouve qu'il n'y a plus vraiment de vérité là-dedans. Et il n'y a qu'une seule vérité, il ne faut pas le cacher.»
Source : http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/societe/200809/26/01-24050-la-releve-de-la-messe-en-latin.php
Vous pouvez communiquer avec M. Jean-François Cliche à l'adresse suivante :
jfcliche@lesoleil.com